Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 17 septembre 2018
“Sur les chemins de la Vie”
Textes bibliques : Lire
Chacun des trois textes qui nous sont proposés en ce dimanche nous montre deux logiques qui s’opposent : l’une est animée par le désir de justice et de paix, par l’ouverture à l’autre et à Dieu ; l’autre cherche le pouvoir, la domination, le plaisir, la satisfaction immédiate. Chacun de ces textes ouvre des pistes pour nous interroger sur ce qui nous guide dans nos choix quotidiens.
La première lecture est un extrait du livre de la Sagesse. Elle nous renvoie au premier siècle avant Jésus Christ. Beaucoup de juifs sont partis à l’étranger. Dans le cas présent, il s’agit de ceux qui vivent à Alexandrie. Les grecs les tournent en dérision parce qu’ils disent avoir une connaissance particulière de Dieu ; ils se disent “fils de Dieu” et “mis à part”. Même parmi leurs compatriotes, beaucoup ont abandonné la pratique religieuse. Ils ont fini par renier leur foi. Ils ne supportent plus la fidélité des croyants car elle est devenue un reproche pour eux.
Les difficultés et les épreuves de ces croyants sont aussi les nôtres. Nous vivons dans un monde où beaucoup sont devenus indifférents ou hostiles à la foi. Les scandales qui ont été mis en évidence ces dernières semaines ne font qu’alourdir cette souffrance. Mais nous avons la ferme espérance que le mal et la haine n’auront pas le dernier mot. Toutes ces épreuves qui frappent l’Église sont un appel à nous attacher fermement au Seigneur. Nous pouvons toujours compter sur lui. Rien ne peut nous séparer de son amour.
Dans la seconde lecture, saint Jacques dénonce “la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes.” L’apôtre nous recommande de nous attacher à “la sagesse qui vient d’en haut”. Cette sagesse “est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie.” Se laisser guider par la sagesse terrestre conduit au désordre et au mal. La soif de s’enrichir justifie emploi de tous les moyens, y compris la violence et le meurtre. C’est la convoitise qui est à l’origine des guerres, des violences et du mal. La vraie Lumière, nous ne pouvons la trouver que dans la Sagesse qui vient de Dieu ; elle est “droiture, paix, tolérance, compréhension, féconde en bienfaits”. Elle transforme notre cœur et fera de nous des artisans de paix.
L’Évangile de saint Marc dénonce une tentation qui divise l’Église ; selon l’expression du pape François, c’est “l’envie mondaine d’avoir le pouvoir”, l’envie et le désir “d’aller plus haut”. Tout cela arrive au moment où Jésus parle “de service et d’humiliation”. Il annonce à ses disciples que “Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera.”
En lisant cet Évangile, nous voyons bien que les apôtres n’ont rien compris ; Jésus vient de leur parler un langage d’humiliation, de mort et de rédemption. Eux, ils parlent “un langage d’arrivistes”. Leur seule préoccupation c’est d’aller le plus haut possible dans le pouvoir. Ils sont tentés par la façon de penser du monde. Pour Jésus, c’est l’occasion de faire une mise au point très ferme : “Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.”
Cet enseignement de Jésus vaut aussi pour nous tous. Sur la route que Jésus nous montre pour aller de l’avant, le service est la règle : le plus grand est celui qui sert, celui qui est le plus au service des autres. Ce n’est surtout pas celui qui se vante ni celui qui cherche l’argent et le pouvoir. La vraie grandeur c’est l’accueil et le service des petits. Ce service est élevé au rang de service de Dieu.
À travers ces trois lectures, c’est Dieu qui nous parle ; le juste qui souffre (1ère lecture) nous renvoie aux chrétiens persécutés qui sont obligés de fuir leur pays. Nous pouvons aussi nous reconnaître à travers l’intriguant dont nous parle saint Jacques. Le Seigneur veut nous libérer de cette recherche de nous-mêmes. Et dans l’Évangile, il nous rappelle que les vrais grands ne sont pas ceux qui recherchent les premières places et les honneurs mais ceux et celles dont le cœur est ouvert aux autres.
Nous sommes donc appelés à être une Église “au service” des autres, en particulier des plus fragiles. Nous nous rappelons ce que Jésus a dit un jour : “Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait”. Pour cette mission, nous ne sommes pas seuls. À chaque messe, le Seigneur est là pour nous nourrir de sa Parole et de son Corps. Cette rencontre avec lui c’est vraiment LE moment le plus important de la journée. Le Christ est présent avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Il veut nous entraîner à sa suite jusqu’au bout de l’amour. Son Pain Eucharistique nous est distribué pour nous donner la force d’aimer comme lui et avec lui. Prions-le qu’il nous donne force et courage pour rester en “tenue de service”.
Sources : Revue Feu Nouveau – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – Missel des dimanches et fêtes des trois années (Bayard) – François selon saint Marc Dossiers personnels
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